Fatima Dossier Pédagogique
«Selon les grandes enquêtes internationales, les jeunes issus de l'immigration réussissent moins bien que leurs pairs natifs, bien que le Canada et d'autres pays fassent figure d'exception (Dronkers, 2010). Les populations les plus à risque sont bien souvent celles qui conjuguent immigration récente et capital scolaire faible des parents (Mc Andrew et al. 2008; Kamanzi et Murdoch, 2011). Les enquêtes internationales identifient également certains groupes ethnoculturels plus susceptibles de vivre des difficultés au plan scolaire, dont les minorités visibles, les réfugiés, etc.»
«En ce qui concerne les clientèles d'élèves issus de l'immigration qui devraient faire l'objet d'une attention particu- lière, la recension présentée aux chapitres 1 et 2 fait clairement ressortir la situation difficile vécue par les élèves de première génération et notamment ceux qui sont arrivés en cours de scolarité secondaire. Par ailleurs, les difficultés de ces jeunes sont multipliées s'ils présentaient déjà à leur entrée dans le système scolaire québécois un grand retard scolaire, soit de plus de deux ans, par rapport à la norme. Nous avons également vu que si pour certains des élèves, la fréquentation d'un établissement d'éducation des adultes peut constituer une stratégie de sortie positive, ce secteur demeure encore très mal adapté à la transformation de sa clientèle traditionnelle. (...)
Le présent dossier pédagogique a été adapté par Possibles Media, société de production québécoise du film « Fatima ». Il est destiné aux élèves de niveau secondaire, conformément aux objectifs du Ministère de l'éducation du Québec, et s'adresse aux professeurs desdites classes qui souhaitent organiser un travail pédagogique ou animer des discussions autour du film « Fatima ». Il peut être librement reproduit et utilisé en cours. Néanmoins, la production apprécierait des retours concrets concernant les éventuelles reproductions, les commentaires ou les questions relatives au dit dossier, cela afin de mieux mesurer l'impact de notre action sur les activités scolaires au Québec.
Fiction | couleur | 80 min. | 2015
Langues: français et arabe avec sous-titres françaisPar Eithne O'Neill
Fatima, sous l'apparente simplicité de ce titre accrocheur, Philippe Faucon aborde des thèmes multiples qui lui tiennent à coeur. Au travers du récit de la destinée d'une mère sur toile de fond d'une population d'immigrants, le metteur en scène traite de la collision des cultures et du gouffre qui sépare les générations pour brosser le tableau du voyage intérieur d'une Maghrébine et de ses rapports avec ses deux filles adolescentes. Hors cadre, dans notre vie et dans les médias, une actualité brûlante se dresse. Les mots "immigrants", "réfugiés", "noyés", "repoussés à la frontière", voire "migrants", fournissent la trame de nos supports d'information. Au regard de cette réalité, quelle empathie devrait-on ressentir pour une immigrée installée depuis vingt ans dans un nouveau pays ?
Philippe Faucon s'approche de l'Autre tout en respectant son intimité et sans être démonstratif : comment exprimer par les images et les sons le dilemme d'une femme de ménage étrangère de 44 ans, digne et sensible, qui souffre de mal maîtriser sa langue d'adoption ? Voilà ce que le cinéaste se donne pour tâche. Le défi est relevé et le pari, gagné. Le film nous séduit par sa profonde humanité ainsi que par la finesse de sa mise en scène..
Par Serge Kaganski
Prenons ainsi Fatima héroïne éponyme de son nouveau film : mère de famille quinqua femme de ménage, musulmane, élevant seule ses deux filles de 15 et 18 ans parlant mal le français. Un tel personnage pourrait facilement revêtir la peau d'une victime soumise aux périls de la montée du rigorisme islamique, ou de la ségrégation ou de sa condition sociale, ou de tout à la fois...Faucon préfère en faire une battante une femme qui trime pour un mince salaire dans le but de financer les études de ses filles, une croyante dont la foi est intime et non un modele à imposer aux autres, un être qui n'a pas fait d'études mais écrit des poèmes pour transcender la grisaille de son quotidien et mettre des mots sur ses pensées et sentiments. Les deux filles de Fatima sont nées en France, parlent parfaitement le français, s'habillent et vivent à l'occidentale. Le fossé générationnel se double d'un écart culturel. Mais une mère, deux filles, c'est forcement ternaire et non binaire : l'aînée est sage, bonne élève, veut passer le concours d'entrée en médecine, reste proche de sa mère alors que la cadette est rebelle, glandeuse, refuse la langue arabe les contraintes religieuses...
Par François Lévesque
UUne Française d'origine marocaine qui, faute de maîtriser le français, vit un grand isolement avant de recouvrer une voix, sa voix, Fatima est mère de deux filles : Souad, 15 ans, et Nesrine, 18 ans. La cadette est au bord du décrochage tandis que l'aînée entame des études en médecine. Fatima voudrait qu'elles se forgent une meilleure vie que la sienne, et elle trime dur pour faire en sorte que cela se produise. En sous-titre, on pourrait surnommer cette femme de ménage courageuse « la mère Goriot ».
"Après avoir lu son livre "Prière à la lune", j'ai voulu connaître Fatima Elayoubi, se souvient Philippe Faucon. Il faut savoir que durant toute sa vie de femme immigrante installée en France, elle à tenu ce journal, une espèce de grand cahier dans lequel elle rendait compte de son quotidien. Elle recourait aussi à des poèmes... C'est une forme forcément très introspective. Ce qui en ressort, c'est la frustration qui découle du manque de communication avec ses filles qui elles vivent en français. Son désir de rétablir cette communication avec elles est un moteur. Cela, et aussi son souci presque maladif de les voir réussir, de les voir s'épanouir."
Fatima Elayoubi, elle, a été déscolarisée enfant, à neuf ans, alors qu'elle était consciente de son potentiel scolaire. "Elle écrit avoir ressenti cela comme une aiguille enfoncée dans le coeur", note le cinéaste.
Par Marc-André Lussier
Dans son nouveau film, Philippe Faucon dresse le portrait d'une femme venue d'ailleurs, dont les enfants sont français. Avec douceur et finesse, le réalisateur raconte le désir d'intégration de Fatima. Le thème de l'intégration figure au coeur de l'oeuvre de Philippe Faucon. Il y a quatre ans, le cinéaste français a même intitulé un film La désintégration. Il y relatait l'endoctrinement de trois adolescents nés en France, qui se radicalisent à un point où ces jeunes se transforment en kamikazes. À l'époque, on parlait de fiction. Depuis les horribles attentats survenus à Paris, on sait maintenant que l'inimaginable est devenu réalité.
Très différent de ton, Fatima pourrait être l'envers de La Désintégration. Inspiré du livre "Prière à la lune" qu'a écrit Fatima Elayoubi, le film dresse le portrait d'une femme modeste, mère de deux adolescentes nées en France, qui gagne sa vie en faisant des ménages.
C'est au moment d'un arrêt de travail forcé que Fatima décide de tenir un journal, qu'elle écrit en arabe, dans lequel elle peut enfin exprimer ce qu'elle est incapable de dire en français dans sa vie quotidienne..